dimanche 26 juin 2011

Comment un poète québécois se fait pardonner...

...lorsqu'il ne souligne pas la St-Jean sur son blogue.

Il compose une chanson. Il se dit qu'avec un peu de chance, on pourra peut-être la fredonner les autres jours de l'année ; car justement, il aurait horreur d'uniquement l'entendre à la St-Jean.


« Brume bleue »

T'es mon pays d'azur, de glace
Mon grand pays tribal qui vibre
Une contrée pas à sa place
Toi Québec à l'ardente fibre

T'es la chair tendre d'Amérique
T'es la bohème qui gambade
Qui rit tel un gamin épique !
T'es à toi seule une accolade.

Je le sais bien, les chansonniers
Ont tout dit sur ton coeur en lyres,
Or moi, le jeune parolier,
Qu'est-ce que je pourrais te dire ?

Au fond, c'est comme la romance ;
Cela n'a rien d'original
Mais tant que notre sang s'élance,
On veut lancer un chant astral.

Ma Province, tu as les cils
Plein de cristaux, le nez tout bleu,
T'es la poudrerie qui jubile
Ton foulard blanc luit com' le feu

L'été, t'es encore plus douce
Que ce soit en ville, en campagne,
T'as l'ardente couleur qui mousse
L'air enivre tel un champagne

Mais il faut regarder en toi
Pour y sentir tes vraies couleurs
Et ça, c'est ton peuple en émoi
Laisse-moi narrer ta chaleur

J'aime cet éclatement brut
Qui nous fait tous si créatifs
J'aime ces artistes en rut
Qui ont le coeur des plus festifs !

De la poésie à fleur d'âme
Même quand la neige nous brûle
Des artistes doux comme flamme
Qui se déhanchent sans recul

Notre langue, faut pas le taire,
- Et ce n'est pas du chauvinisme -,
C'est un joyau sur cette Terre
D'la poésie suant d'un prisme

Ah, et si c'était si facile ?
Si facile d'être prospères
Mais une brume se profile,
Qui pourrait cacher nos repères

Les convictions patriotiques
Ont pris l'bord, le large, la fuite,
N'est-ce qu'un problème d'optique ?
Décidons de notre conduite !

Faut-il ? Ne faut-il pas ? Faut-il
Faire la douce indépendance ?
La théorie devient futile.
Va à ton rencard, et puis danse!

Les arguments sont pourtant là
Mais il y a des terroristes
Du coeur, voulant notre trépas
Eux, ce sont les agenouillistes

Oublions donc les arguments
C'est une question de fureur
Pas un effet d'entraînement
Tu dois le vouloir en ton coeur

REFRAIN

Faisons de ce pays aut' chose
Qu'une brume bleue trop paisible
Car si les jours sont parfois roses
L'ignorance est grise et risible

Donc ça commence avec chacun
Libre d'être ce qu'il veut être !
Un Québécois qui est quelqu'un
Un fou, un grand, un roi, un maître

Donc ça commence avec chacun
Apprendre à respecter ses frères
Chers Québécois, n'ayons aucun
Regret d'renier nos faux pères !

Faisons de ce pays aut' chose
Qu'une brume bleue trop paisible
Qu'un flou troupeau de pas-grand-chose
Avant que crament les fusibles

Faisons de ce pays aut' chose
Qu'une brume bleue trop paisible
Car si les jours sont parfois roses
L'ignorance est grise et risible...


Or si je n'ai pas souligné la St-Jean, sur mon blogue, il ne s'est pas agi d'un hasard. Fier d'être québécois, je le suis, follement, abondamment. J'aime vivre ici, j'aime les gens d'ici, notre culture... Enfin, je crois que ma chanson le dit mieux que ce tissage d'idées à l'impromptu. Je sentais cependant un blocage, sans pouvoir le préciser. Je suis donc descendu en moi-même afin de tâter la réalité de ma pensée, et pour pondre cette chanson par la même occasion.

L'os, il était relatif à l'indépendance. Eurk, je déteste la Politique, mais pour ça, je vais bien faire un petit effort. Bien sûr, dans les faits, nous formons un pays (culturellement j'entends). Mais ça serait foutrement amusant quand même, n'est-ce pas, que de l'officialiser ? Imaginez un homme qui serait toujours légalement marié bien qu'il détesterait sa femme — et on lui refuserait le divorce, pour quelque raison obscure. On ne voudrait quand même pas qu'il finisse par se suicider, le pauvre bougre, ou qu'il meure tout bonnement, aussi ne voudrions-nous pas que sur le long parcours de sa déroute il affiche des signes de démence, comme parler en anglais malgré lui...

Je n'ai rien contre l'anglais ; mais c'est comme faire l'amour ; mieux vaut être consentant.

Je ne suis pas pessimiste face à ce fameux projet de délivrance. Je ne me dis pas : « C'est impossible que ça se fasse » ; au contraire, je suis d'un naturel optimiste. D'ailleurs, après avoir vu des vidéos vantant la souveraineté, que j'ai mises en ligne dans la section Réflexions, ma foi à ce sujet a triplé en intensité, devenant tout à fait brûlante. Optimiste, donc. Mais réaliste tout à la fois. Et c'est cet aspect-là de moi qui a fini par surplomber les autres. Je me dis que ces idées et ces données-là, encore faut-il les diffuser. Encore faut-il que les gens se lèvent et aillent voter.

Pour qu'une structure se tienne, ça prend non seulement un solide cadre, mais des éléments forts à l'intérieur.

Le travail de nos amis politiciens est louable. Mais il faut individuellement vouloir ; s'il y a plein de gens, individuellement, qui veulent, ça fera un tas de gens. Trop souvent j'ai entendu : « L'indépendance, j'aimerais ça ! Mais je n'y songe pas vraiment... C'est possible ? »

Alors, à défaut de croire à un effet d'entraînement prochain, j'ai décidé de « le vouloir en mon coeur ». Et je vais souffler sur la brume bleue.

3 commentaires:

  1. J'ai bien ri après avoir lu ça: "Je n'ai rien contre l'anglais ; mais c'est comme faire l'amour ; mieux vaut être consentant."

    C'est parfaitement drôle.

    Lâche pas la patate Souverain Guy!

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  2. Parlant de projet somnolent... as-tu reçu Un homme qui dort, de Pérec?

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  3. Je me suis bien marré en l'écrivant d'ailleurs.

    Toujours pas lu Georges. Pour tout dire, j'ai une nouvelle bibliothèque puisque l'autre était pleine à craquer, et ce nouveau meuble accueille mes « nouveautés » ; Un homme qui dort va y dormir encore un petit peu... Il y a inadéquation entre mon impulsivité à acheter des livres, et mon temps pour en lire. Mais ça viendra, héhé.

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