dimanche 3 juillet 2011

Ascenseurs

Je rêve sans cesse à des ascenseurs, ces nuits-ci. Du moins cela fait un certain temps que ça m'arrive, et j'en prends conscience maintenant. Je suis à bord de somptueux ou affreux élévateurs qui me font voyager dans d'immenses édifices. Parfois je monte, parfois je descends. Je n'ai jamais peur tandis qu'on y voyage à une vitesse extrême. J'ai toujours au moins un ou une complice. Je vais aux étages auxquels je ne devrais pas avoir accès ! Les étages sont intéressants ; ce sont d'ordinaire des entreprises aux employés loufoques, des compagnies avant-gardistes, et je m’immisce dans ces lieux comme un imposteur aux mensonges rayonnants. On se doute bien que je ne travaille pas là, mais on semble se dire : « Personne n'aime être ici, tout le monde cache une vraie existence derrière celle-ci ; en quoi est-il différent de nous ? »  En fouillant les replis mystérieux de ces buildings, étant temporairement admis en ces endroits-là, j'ai l'impression de découvrir des secrets. Quelquefois aussi, ce sont d'anciennes entreprises où j'ai réellement travaillé. Elles sont souvent transformées ; parfois elles sont plus tristes, quelquefois elles ont des fenêtres gigantesques et ultra-radieuses, comme si on n'était présent que pour le soleil ; les employés, les gestionnaires alors sont apathiques à force de tendre oisiveté. Je me souviens d'une fois où l'une de ces entreprises où j'ai travaillé était devenue une sorte de palais japonais. Outre ces exceptions tordant mes souvenirs, ou bien ce n'est jamais rien de notable, ou bien j'en palpe difficilement le rythme et en conserve difficilement des souvenirs (tout y est tellement fugitif, je n'ai pas le temps de bien photographier les scènes en mon âme) ! Ah ! Un autre souvenir onirique cependant me revient... Il m'est arrivé de rêver que je travaillais dans une sorte de mine, également ; curieusement, la mine était en haut, et nous redescendions au rez-de-chaussée à la fin de la journée... Même si je suis perplexe quant à ces rêveries nocturnes, j'aime ces ascenseurs qui m'aspirent et me font gravir, descendre, bondir dans leurs veines, dans leurs verticaux couloirs sans vertige. Je dois bien avoir rêvé à ces courts métrages d'ascension et de descente une centaine de fois dans les six derniers mois...

9 commentaires:

  1. T'inquiète, Vieux G, je viens pas interpréter tes songes. A quand même fallu que je lise attentivement trois fois ton truc avant d'être certain de ne pas avoir manqué une référence au vertige avant celle de la fin. Je me demande, donc, si tu parles d'un vertige ordinaire qu'on est tous susceptibles d'éprouver dans un déplacement vertical accéléré, ou si tu es particulièrement sujet au vertige. Parce que dans ce dernier cas, il va de soi que tes rêves prendraient pour toi un sens spécial.

    Rêver de places où on a travaillé, quelle horreur, hein? Pour ça que j'ai arrêté à seize ans. De travailler, pas de rêver.

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  2. T'as bien fait d'arrêter de travailler tôt !

    En ce qui me concerne, je ne suis pas le travailleur le plus sérieux, héhé... Je ne devrais pas dire ça, au cas où l'un de mes patrons me lise. Enfin ! Je travaille bien, mais j'aime bien jaser et déconner avec mes collègues, c'est ce qui fait que la journée est plus douce et moins cruelle...

    Le vertige. Oui, je crois être sujet au vertige. Le vrai vertige, il me fait peur. «L'autre vertige», celui qui attire en l'air et dont tu parles justement dans ton plus récent billet, celui-là il me fascine et m'emporte.

    J'ai essayé d'interpréter ce rêve. Je ne suis certain de rien! Peut-être a-t-on tort de vouloir les percer, peut-être ne sont-ce jamais que d'immenses hiéroglyphes en mouvement?

    Quoi qu'il en soit, bonne journée à toi.

    J'ai vingt-cinq minutes, justement, pour manger, me doucher, filer vers le travail. Eurk.

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  3. Quand tu travailles pas, pus besoin de te laver, pis quand tu bois, presque pus besoin de manger. Really, dude, try it out for twenty or thirty years, then if you don't like it, you can always go back to, you know, your job.

    Ché pas, à propos d'interpréter les rêves, j'évite ce genre de sujet comme la diphtérie, parce que certains, plusieurs, y voient quasiment une science religieuse. Mais enfin, je ne te dissimulerai pas qu'à mon sens il s'agit d'un tissu de sottises. On a déjà assez de misère à interpréter notre état de veille, à décoder les divers signaux, interactions et stimulis durant le jour, à se demander si la fille au bar nous a souri ou fait une grimace, si en plus faut essayer de vidanger nos rêves pour y trouver l'essence et le sens de notre vraie vie, ben moé j'dis basta. J'aime ça, moé, dormir pis rêver, ça me fait un reset. Quand je vas pisser, je réfléchis pas au processus physiologique en cours depuis l'ingestion de ma bière jusqu'à la miction évacuante en passant par le filtrage du foie, je vas juste pisser en gémissant de soulagement, pis les rêves, c'est pareil, ça nettoye, ça fait du rangement, de la maintenance, comment au juste on s'en fout, l'important est que le tapis soit propre et les corbeilles vides quand t'arrives au bureau le matin, tu te demandes pas comment les Mexicains de nuit ont cleané la place, tu y penses même pas, quels Mexicains? Les rêves, c'est pareil. Des aspirateurs avec un permis de résidence à long terme.

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  4. Crois-moi, je rêve du jour prochain où je ne travaillerai plus. Et le rêve, pour moi, c'est loger des racines dans un onirisme si riche qu'un arbre réel naîtra. Donc, question de temps.

    Je comprends ce que tu veux dire. C'est vrai que la vie est déjà si dure à disséquer. Bon point. Comment analyser une situation où l'on était dans le pire état de flou intellectuel?

    J'exècre les livres qui prétendent comprendre ce phénomène! Et une multitude de psychologues, depuis longtemps, se sont plantés en tentant d'élucider ce mystère nocturne.

    Quand je parle d'analyse de rêve, ça m'indiffère en vérité de savoir si j'ai raison ou non. Si ma théorie est «belle» (comme la théorie des Cordes en Physique, disons, c'est super «beau» mathématiquement, cohérent en fonction du peu de données qu'on possède, mais c'est loin d'être prouvé) et en accord avec ma pensée, je suis content. Mon analyse est pas mal free style! C'est vague et simple.

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  5. Ça a ben de l'allure, je trouve, ce que tu dis. Merci.

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  6. Woa... tu regorges d'imagination... c'est le moins qu'on puisse dire! Mais fais attention tout de même mext thing you know tu te ramasses chez Madame Minou. Une carte du ciel est si vite arrivé! Lâche pas l'rêveur au panache tentaculaire! Suggestion de lecture: Façons d'endormi, façons d'éveillé d'Henri Michaux... http://www.svel.eu/henri-michaux/facons-d-endormi-facons-d-eveille

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  7. Héhé, je pourrais être « Monsieur Minou » ! C'est vrai qu'on rue rapidement vers la folie, avec ces théories initialement innocentes !

    Ç'a l'air bien intéressant ce livre !

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  8. Les forgeries de Michaux, fuck oui. Mais tu peux pas tout apprendre du même coup!

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  9. je te le passerai si tu veux le bouquin. J'vais voir U2 samedi à Mtl avec Mich, tu veux que je passe chez vous...?

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