lundi 5 décembre 2011

Histoire d'un renouveau

Squelette de calcaire blanc mannequin je marche
Ostensiblement nu comme une larme

Ma chair agrafée à moi ainsi qu'une ombre
Comme un parachute de viande légère qui danse
Ne me rejoint que lorsque je freine le coeur gros

Comme en perpétuel décalage de moi-même
Je n'ai jamais vraiment goûté à l'obscène coulis des heures
Il passe entre mes côtes tel un sirop fuyant

Je ne sais plus combien de temps
Une olla-podrida d'années filandreuses et flottantes
Combien de temps j'ai pu telle une aura avariée déteindre sur place
J'ai pu me démener et blasphémer des hoquets sans vivre

J'ai donc arpenté un ersatz de vie
Aux errements radieux de regrets
Je m'insinuais dans les jours d'automne
Tel un borborygme de fumée craché par un cigare
Moi tout en os fragiles qui claquent je me revois :
Une balade boudeuse, mes segments laiteux détonnant sur
Des horizons embaumés de nuit, repu d'eux avant d'y être...

C'était, voyez-vous, bien que mon esprit
S'éreintait à pulser comme un soleil exquisement fauve,
Un sprint d'une terrible lenteur, aux murmures humides du coeur
Dans la vase hyaline des regrets inavoués...

J'ai été rayon de soleil, figé parmi les étoiles
Une radicule perdue et essoufflée sinuant vers de froids enfers
Oui, c'est ce que j'ai accepté d'être...

Toutes mes passions dans des boîtes
De déménagement jamais défaites

Regardez-moi vous me voyez
Charpente d'ivoire fantomatique
Au rire gras qui masque ses cris
J'ai une ruisselante chevelure d'atomes morts
Une toison de jazz haletant...
Des yeux qui ne pleurent pas mais qui
Lâchent des hiéroglyphes de vapeur
Tant je bous à force de voir mes idéaux
Ah! mes idéaux, mes idéaux corrodés
Ceux-là concupiscents qui crèvent...

Mais tout ça est terminé, n'est-ce pas?...
Qu'une musique éclate et incendie les vitraux de mes iris
Qu'une musique nouvelle rugisse dans mon caisson !...

10 commentaires:

  1. Éclatant de fortes émotions, wow! Ai le souffle coupé!

    - SS

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  2. Tu t'en viens bon le frère! Tu vocifère ton orage intérieur avec des mots forts.

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  3. Content que ça te plaise. Certains malaises lancinants, psychologiquement informes, se profilent heureusement sous les mots.

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  4. "Je n'ai jamais vraiment goûté à l'obscène coulis des heures". Exquise façon d'exprimer la douce mélancolie de la torpeur.

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  5. Vraiment puissant, percutant, remuant, ta poésie s'insinue et touche, profond! Phénix des mots qui arpentent l"âme humaine avec brio et déchirante tendresse. J'aime ce poème.

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  6. So nice of you Helena. Je suis content d'avoir la perspective d'une femme!

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  7. Très fort. J'aime bien cette image:

    «Toutes mes passions dans des boîtes
    De déménagement jamais défaites»

    Merci

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  8. Une langue poétique à souhait... c'est un vrai plaisir de découvrir vos écrits. Fluidité, richesse du vocabulaire, images fulgurantes... vite, un recueil!

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  9. Merci Ginette, c'est encourageant. Je puis cela dit confirmer qu'un recueil s'en vient... :-)

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