mardi 31 juillet 2012

Il se prénomme ainsi Richard...

Julie et moi habitions jusqu'à tout récemment près du Métro Beaubien.

Or, dans ce secteur, tout près du Café de l'Apothicaire, se trouve un vieil homme constamment scotché à son banc, tel un phare âgé — mais fier — dans la ville valétudinaire. Celui-ci distribue, sur un bout de papier, un message de paix, toujours le même...

Je me souviens lorsque j'ai croisé cet individu, la première fois. Il me semblait un brin étrange ; je ne savais pas a priori s'il avait toute sa tête, mais j'ai accepté le billet fraternel et spirituel qu'il m'a tendu, et je l'ai lu en retournant chez moi. Comme je cherchais frénétiquement, dans cette période de ma vie, tous les possibles visages de Dieu, avide de synchronicités, je vis en ces écrits la manifestation du numineux.

Puis, au fil des mois et des mois coulant et s'étirant, lorsqu'il m'arrivait de recroiser ce bonhomme — d'ailleurs fort souvent, celui-ci étant un jalon du parcours me menant à l'épicerie —, j'étais secrètement saisi d'admiration pour son oeuvre modeste ; néanmoins, comme tout le monde, je me fondais dans le flot cadencé et pressé de la foule. Si mon regard devait croiser le sien, une espèce de communication tacite, de toute façon, lui permettait de savoir que j'avais naguère accepté l'une de ses notes lumineuses, et me permettait de comprendre qu'il l'avait saisi.

Lorsque Julie croisa ce monsieur pour la première fois, elle voulut le connaître. Rapidement, elle tissa un lien avec lui. Elle put même, avec l'expérience, lui arracher de-ci de-là un sourire, ce qui constituait chaque fois un événement. Ainsi lui parla-t-elle sans barrières, avec sa foudroyante gaieté, à chaque fois que nous le croisions. Tendre Julie ! Par ricochet, j'engageais moi aussi la conversation avec lui.

Ainsi, j'ai dû retourner, hier, une dernière fois dans le rayon du métro Beaubien. J'en ai profité pour discuter avec le vieux Jésus débraillé. Celui-ci m'a de nouveau remis un papier, en spécifiant d'aller voir son site web. J'ai réalisé que son nom figurait sur le mémo ; il signe : Très sincèrement vôtre : Richard Dennis

J'ai trouvé sur son blogue le documentaire suivant, qui est merveilleusement réalisé :




12 commentaires:

  1. Ça pose un autre regard sur cet homme que je croise si souvent.

    RépondreSupprimer
  2. Le personnage est plus profond qu'on ne le croirait au premier regard.

    P.S. - T'es un joueur de SC2, toi ?

    RépondreSupprimer
  3. Oui, bien que depuis l'arrivée de mon fils, c'est plus difficile de trouver du temps pour jouer. Tu joues aussi?

    RépondreSupprimer
  4. T'habites sur quelle artère, si c'est pas trop indiscret ? On s'est peut-être déjà croisés par hasard !

    RépondreSupprimer
  5. Je suis sur De La Roche depuis 2011, mais j'ai habité sur Chateaubriand pendant six ans. Je suis du coin depuis que je vais à l'UdeM. On s'est probablement déjà croisés si tu passais souvent sur Beaubien! Tu as déménagé dans quel coin?

    Si tu veux jouer un moment donné, on se croise sur Battle.net: SimonDor.295.

    RépondreSupprimer
  6. J'habitais sur Christophe-Colomb, pas loin du coin Beaubien. Je n'ai pas déménagé très loin: je suis à présent plus près du métro Rosemont.

    Quant à Battle.net, on peut seulement ajouter quelqu'un via l'adresse courriel. Est-ce bien celle que j'ai trouvée sur ton blogue?

    RépondreSupprimer
  7. Hmmm... le métro que je prends habituellement est Rosemont. Il est donc bien possible qu'on se croise encore!

    Écris-moi à cette adresse, je te répondrai avec celle que je préserve du spam qui est aussi celle de mon battle.net :)

    RépondreSupprimer
  8. Quelle belle histoire que tu contes-là et puis cette vidéo en final sortie du chapeau.

    Je me disais, ce gars là il se lève tous les matins depuis 8 ans avec une mission en tête, distribuer ces messages d'amour sur son banc. Il doit avoir froid, faim, mais il distribue son message sans relâche. Un pélerin des villes. "C'est pas payant mais c'est gratifiant"... ah ça... n'a pas de prix, l'Amour mais quelle élévation ! je t'en souhaite autant.

    RépondreSupprimer
  9. Je me doutais bien que la vidéo te plairait :-)

    I wish that was my life. Pas travailler, être assis sur un banc de parc, distribuer des billets sur l'amour fraternel ? N'importe quand. Non, non, je ne banalise pas : je l'envie, un petit peu...

    RépondreSupprimer
  10. N'est-ce pas ce que tu fais ici, distribuer des billets, à ta façon?

    RépondreSupprimer
  11. T'as raison. Mais dans la rue, ça prend tout un guts.

    RépondreSupprimer