samedi 10 novembre 2012

Rêve nocturne : des mammifères qui grognent

Une brume de néant en arrière-plan. Humide aura de noirceur.  Une broussailleuse tête de Lion. En gros plan. Ce placide sauvage est surréel de beauté hiératique et de ronrons. Il ne peut toutefois pas grogner pleinement, il s'étoufferait. Je l'observe à l'infini, l'oeil béant qui bave... Voire dans l'infinité dédoublée, soit de mes yeux, et en questionnant dans ma tête son identité, en la criblant de mes regards intérieurs. Mais je ne suis pas à proprement parler présent, je suis liquide comme le néant qui le transpire, ce mammifère étoilé. Je suis tout âme dans mon observation. Sa crinière est si vraie, paisible musique de feu. Son regard lisse est couronné d'épaisses lumières. Il bouge un peu de la tête, de façon subtilement involontaire, ma mémoire restitue en ce rêve un fabuleux movement capture. L'onirisme attise une clarté surprenante... Je réalise qu'il ne peut pas fermer correctement la gueule. Deux amoureux sont à l'intérieur, sur le canapé de sa langue. Ceux-ci s'embrassent. Ils voudraient peut-être, eh bien... Télépathe, le fauve me transmet ses idées. Il me dit qu'il ne peut pas, à cet instant, d'une torsion de bouche, d'une impulsion de crocs, dire « Je t'aime », il voudrait peut-être, n'en sait rien, mais en tous les cas ne peut pas ; c'est impossible, parce que des individus sont dans sa gueule. Ces derniers s'affairent à emmagasiner l'énergie animale, afin de faire l'amour avec l'instinct retrouvé, sans s'embarrasser de la robe de la romance. Le félidé est à la vérité en eux. Se taire et s'embrasser. Autistes investis d'un goût de chair. Drôles de symboles.

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