mercredi 9 janvier 2013

Courriel tantôt envoyé à Zulie

Dans un premier temps, je me rends à la clinique médicale. Ambiance tendue, c'était pacté, les patients qui attendaient (car c'est aussi une clinique sans rendez-vous — au centre-ville ! imagine !), ils me faisaient penser à des chats surnuméraires qui veulent tous être nourris en même temps, l'matin. Ça miaulait tragiquement par là, et des p'tits coups de griffes étaient lancés çà et là.

Moi, comme j'avais un rendez-vous, j'étais aisé.

J'attendais même debout, dans la salle d'attente.

Cinq minutes, et on m'appelle.

Je me fraie un chemin, souriant dans ma tête, en me disant : « Je ne veux pas purger qui que ce soit. Mais c'est sûr que ça en irrite certains, qui ne comprendront pas que j'ai un rendez-vous — je viens d'arriver, à leurs sinistres yeux de malades »

J'entre dans la salle du médecin...

Bonjour... Bonjour...

Vous venez pourquoi mon p'tit jeune homme...

Un bouchon de cérumen, que je lui réponds, au grand jeune homme...

Pardon... Pardon... Monsieur ! Un bouchon de cérumen...

Mais oui... Mais oui... La routine pour vous, mon ami.

Eh bien moi, qu'il fait, je suis urologue, pas ORL.

Sapristi, dis-je.

Regardons sur cette feuille. Oui, Guillaume Lajeunesse. Eh bien ! C'est avec moi que vous avez rendez-vous...

Désolé, je n'ai pas de bouchon de cérumen dans l'urètre...

Puis-je quand même faire quelque chose pour vous ? Je ne sais même pas s'il y a un ORL ici. C'est absurde, je suis urologue, moi, monsieur, pas ORL.

Il me renvoie au comptoir. Je discute un brin, poliment. Finalement, je devrai rappeler pour un rendez-vous.

Pistache de pistache ! Je ne suis même pas en furie, tu t'imagines ! Moi, si sage !

J'accepte les erreurs bureaucratiques ; c'est difficile, toute une journée, faire preuve de précision dans tout. Quoiqu'ORL et urologue, elle est bonne, celle-là... Hin hin...

5 commentaires:

  1. Z'ont peut-être pris l'expression ''la masturbation rend sourd'' au pied de la lettre. Au moins ils ne t'ont pas recommandé à un ufologue, ça aurait été le comble.

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  2. Sublime, les garçons! Vos échanges me ravissent! :-)

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  3. Ça me rappelle irrésistiblement le numéro 177 des Herbes Rouges, publié en 1989. La première des deux nouvelles. Max Cockrell se présente à l'urgence avec une cloche au prépuce. Et passe par toutes les misères de Kafka avant d'aboutir enfin au bon endroit: le bureau de l'uro!

    L'auteur, à qui c'était pour ainsi dire arrivé littéralement, t'avoue s'être bien marré à la lecture de ta mésaventure!

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  4. Marrante, en effet, cette coïncidence, très étirée dans le temps. D'ailleurs, je l'ai, ce petit livre des Herbes Rouges. Il était là, dans ma bibliothèque : je ne l'avais pas encore lu.

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