mercredi 29 mai 2013

Deux poèmes — tout à fait à opposés !

CATIN DÉCATIE

C'était une catin décatie, avachie
Dans son fauteuil, comme un spécimen échoué
Au gros ventre apocalyptique, nervuré
De crevasses de rides — où l'on avait joui.

C'était une catin défraîchie, que l'ennui
Fouettait, à la manière d'hommes désaxés
S'imaginant battre leurs femmes de ferrés
Coups.  L'ennui dans un peignoir, ouvert dans la nuit.

Désormais la catin ne sentait plus les mains
Parcourir son corps, qui fut sinueux rubis :
Plus de sueur, dans l'acrobatie du destin...

Cette femme, ignorant tout des notions subtiles
De la vie, avait vite vieilli, et grossi,
S'imposant un régime de laideur habile !...


PORTRAIT D'UNE INCONNUE QUI SACCAGEA MON COEUR

L'iris roux, les yeux un brin fauves et bridés,
Tu étais menue, et avais des cheveux lin
De garçonnet ! — preuve que ta féminité,
Même altérée, ne peut pas subir de déclin...

Mais ces yeux, ces yeux ! je dois m'attarder à eux !...
On ne sait pas si c'est un regard ébloui,
Heureux, fâché... Il mord, comme dans un adieu !
Jamais un clignement, pour éprouver la vie...

Blondes prunelles, en dépit de la fatigue
De l'intelligence échaudée, ultimement
Vous êtes bées ! Je chute en vous comme en une igue !
O ! Pacifiques yeux piqués d'amour dément !

Tu brillais dans ton silence en arpèges d'or...
Je crus avoir trouvé un calque de ma foi,
Si imparfaite foi, qui ronfle et qui s'endort,
Une âme qui croît et qui s'érode à la fois...

3 commentaires:

  1. Est-ce que ces deux entités ont élu domicile dans la même personne?

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  2. Désolé, le précédent commentaire était lapidaire. J'ajouterais : la première femme est imaginaire, inspirée d'une peinture chez mes parents ; la seconde est réelle mais, rematérialisée en seize vers, est imaginaire tout autant.

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