samedi 8 juin 2013

L'amour que l'on polit et le polyamour



Je suis en train de lire The Game, ce roman-vérité au sujet de séducteurs qui marchandent l'humain. Dégueulasse. J'aime la séduction, c'est magnifique, sauf lorsqu'elle mène à une barbarie de consommation. Heureusement que c'est écrit par un écrivain brillant.

Je suis allé chercher à la bibliothèque, aujourd'hui même, Si la polygamie m'était contée..., de Doudou Boicel. Besoin de carburant pour des « chroniques » que je vais sous peu écrire. Pas encore lu ledit bouquin, cela dit. Mais quand je l'ai ouvert, je suis tombé sur une savante analogie électrique expliquant la sexualité. Il est gaiement pervers, le Doudou, mais d'autant plus cérébral.

Je n'ai rien contre la polygamie, idem pour le polyamour, — même que j'encourage ces pratiques chez ceux que ça peut rendre épanouis.

Toutefois, j'ai de la difficulté à avaler l'idée que ce serait nécessaire pour l'équilibre, ou parfaitement naturel. Là encore, tout dépend chez qui.

Coucher avec plusieurs femmes simultanément (pas simultanément simultanément ; j'entends plutôt dans une même tranche d'existence), juste pour le sexe, en partant, on oublie ça pour moi : je suis tellement cérébral ! Je filtre toutes les expériences. À un point où ça forme un moustiquaire existentiel.

Tomber amoureux de plusieurs femmes, ça, je pourrais, facilement. Mais manger huit immenses gâteaux en une même nuit, ça aussi, je pourrais. Façon de dire que je sens la potentialité, aussi faible soit-elle. (Toujours est-il que ça mène nécessairement à la question de la sexualité.) J'entends par là que, dans l'absolu, je pourrais. Dans le réel relatif, toutefois, pour une foule de raisons morales, je n'ai tout simplement pas envie... La meilleure des raisons, qui ne tient pas du tout aux scrupules, c'est le fait que je suis indécrottablement romantique. Je crois au Grand Amour. À l'unicité en cette matière.

On nous dit que l'instinct est naturel et qu'on devrait l'écouter ; rendu à ce stade-ci de l'évolution, le néocortex me semble être raisonnablement naturel lui aussi.

Je ne crois pas qu'il y ait de bonne réponse. Mais j'ai l'impression que le discours de la dame, dans la vidéo, légitime allègrement les coucheries infinies.

Mon point est que développer des règles morales — peu importe qu'elles soient plus ou moins arbitraires —, participer d'une culture, c'est naturel aussi. On peut redéfinir les règles dans une micro-culture, dans sa vie personnelle, mais il faut être au diapason avec autrui. Et si on suit le grand courant de la culture ambiante, ça peut être bien aussi.

En somme, que les polygames soient heureux, que les polyamoureux jouissent de l'âme, et moi, j'aimerais être polyamoureux à l'infini de la même femme.

Qu'en penses-tu, Doudou ? Quoi, tu te moques de moi ? Ah, non, okay ? C'est seulement un sujet qui te plaît bien. Doudou, si je le pouvais, je marierais ton nom.


Doudou Boicel, par Roger A.

12 commentaires:

  1. Oh! Oui. J'avais comme toi cette vision unique et authentique de l'amour idéal. Et j'ai eu et j'ai toujours la chance de le vivre sauf que c'est aussi une vue de l'esprit, on est si multiples et si aventuriers à nous-mêmes. Je rejoins Flaubert dans son idée que l'amour est exponentiel... Je serais incapable, je pense de coucher simultanément avec plusieurs hommes, mais je peux en aimer plusieurs pourtant, en même temps, polyandre.... Ce ne sont pas des règles morales, ce sont les flux du coeur et de l'âme qui légifèrent si je puis dire. Tout dépend de ce qu'on appelle l'amour et de ce qu'il implique.
    J'aime et je suis aimée de plus d'un et c'est à l'infini que j'en suis éperdue... L'amour qu'on porte à chaque personne qu'on aime est unique, et c'est là toute la magie de cette matière et de cette étendue qui s'offre à nous...

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  2. Ça suit, comme de fait, le tempérament de chacun. Je suis trop éparpillé dans ma tête pour l'être aussi dans ma vie réelle ; un chaos et une vérité stationnaire, c'est bon pour moi.

    Après, c'est une question de définir le polyamour. Une amitié peut être si grande qu'elle frôle l'amour. Tout comme tu le dis, tout dépend de ce qu'on appelle l'amour et de ce qu'il implique.

    Le sentiment, c'est le sentiment. On ne demandera pas à qui que ce soit d'éteindre ses émotions.

    Mais en ce qui concerne une relation où la sexualité est présente, relation du reste ayant un dessein (fonder une famille, par exemple), je penche du côté de la monogamie.

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  3. "Mon point est que développer des règles morales — peu importe qu'elles soient plus ou moins arbitraires —, participer d'une culture, c'est naturel aussi."

    Voilà! Je déteste l'emploi à tort et à travers du terme "naturel" pour justifier ou condamner une pratique plutôt qu'une autre. Ëtre qui on est, c'est aussi naturel. Et comme le dit Hélène, c'est probablement une vue de l'esprit, mais tant mieux. On ne se mettra pas à juger les émotions des uns et des autres sur la base de leur "proximité avec la nature", si cette expression peut vouloir signifier quelque chose.

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  4. Ce qui me désole dans ce qui s'en vient, c'est une forme de non choix pour ceux qui désireraient avoir l'envie de vivre avec un seul être. Nous basculons dans la polygamie par l'influence des diktats, ne nous leurrons pas. La laïcité prôné dans nos sociétés est fait par des hommes qui sont dans des organisations non laïc. D'une certaine manière, nous nous faisons enculer par d'autres schèmes de pensées et l'enculade se poursuit car nous gobons des principes par absence d'expérience de la vie, Nous avalons des phrases préfabriquées que nous adoptons comme principe de vie sans nous demander si cela nous conviens. Il faut expérimenter, en accord avec soi. Il n'y a pas de règles amoureuses, on a toujours voulu nous faire à croire que si... suivre ce qui fait sens pour soi et selon moi, le meilleur chemin possible.

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  5. @Simon Dor : Ce qui m'effrayait, dans cette vidéo, et ce qui m'effraie en général, c'est la science mal interprétée. Du reste, il est vrai que le mot «naturel» a le dos large.

    Un même élément, dans deux vies différentes, pourrait être respectivement «naturel» et «artificiel» : un homme pourrait être un grand séducteur, suivant ses pulsions, et ramener des femmes à la pelle chez lui ; un autre homme pourrait faire la même chose, en étant cependant en désaccord avec quelques parties de sa constitution biologique et de sa psyché, et ce serait alors une pratique artificielle.

    Mais j'ai l'impression qu'on pourrait se perdre avec le terme naturel. C'était une forme de pied de nez à la vidéo.

    J'opterais presque pour le terme fonctionnel.

    La philosophie et ses jeux de langage !

    @La Rouge : À chaque époque ses tendances. En revanche, je ne savais pas qu'à notre époque la polygamie était si présente ? Je pensais que c'était un phénomène plutôt exotique. Ou du moins, je croyais seulement que ça commençait un peu à se répandre. De toute façon, comme elle le laisse entendre, les rapports extraconjugaux ont été là, de toute époque. Ce qui me fâche, ce sont les gens qui écoutent, crédules, dis-je bien, la science : « si la science le dit, c'est que ça doit être vrai... pour cette raison, faisons-le! » ; non, il faut le faire si on est profondément d'accord avec cela. En ce sens, je te rejoins : il faut tout bonnement nous demander si ça nous convient. Je ne chercherai pas à modifier ma culture si elle me convient et si elle est relativement fonctionnelle ; c'est une culture, elle est nécessairement imparfaite.

    En somme, voilà : suivre le meilleur chemin pour soi ; toujours dans le respect des autres.

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  6. La science est subventionné par des religions, il ne faut jamais l'oublier. La mise en place de la laïcité fut fait par un groupe d'hommes bien pensant avec des croyances autres. Ce sont eux qui paient des chercheurs pour dire ce qu'ils ont à dire. On tente d'étiqueter, normaliser un comportement sexuelle abusif, très jeune maintenant. Un père de mes connaissances est allée chercher sa fille de douze ans qui était à une fête d'un compagnon de classe. La petite a appelé son père terrorisée, il y avait concours de fellation au sous-sol et les mômes étaient sur le MDMA et ils se filmaient. Enfin. On est rendu là. Y'a un encouragement de la société à l'hyper-sexualisation. Les films sont produits par ces humains, la mode est fait par ses humains, les réseaux pornographiques sont fait par ses humains qui pensent et nous dictent des formes pensées pour faire un monde à leur image. Je ne suis pas prude, mais un jour si on ne prend pas garde, c'est l'abus sexuelle chez les enfants qui sera normaliser. En suisse, on parle d'ouvrir la discussion sur le mariage dans la famille... on voté une loi pour le mariage des fillettes de huit ans, dans les émirats arabes. On veut descendre encore plus bas même. C'est quoi si ce n'est pas de la pédophilie déguisée? L'hyper sexualisation, touche tout le monde mais principalement, les personnes les plus vulnérables mentalement, soit les enfants, les gens qui n'ont pas leur propre jugement. Mais bon... mais bon. Je fais un grand détour mais pour changer la société, on commence par faire tomber les valeurs fondamentales, la famille, le couple, la polygamie... et après que nous reste-t-il à accepter?

    La polyandrie, la polygamie, c'est pas mal en soi si on est en accord mais rendre ce phénomène à la mode, cette pensée dans la tête de chacun comme normale, c'est le début de la frénésie chaotique. Nous entrons, dans de grands troubles sociaux ou des lois seront adoptés sans que nous en sachions la teneur et les aboutissements. Dans tout cela, jamais la liberté de penser par soi-même n'est encouragé.

    Quand on arrivera humainement à cela, on pourra dire que cette fois, on aura fait un grand pas.

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  7. En parlant de science. Tu as vu cela?

    http://www.technologyreview.com/view/421999/astronomers-find-first-evidence-of-other-universes/

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  8. Les trous noirs seraient-ils des portes vers les autres univers? Où la mort d'une étoile majeure serait-il la naissance d'un autre univers? Mort et vie, on ne s'en sort pas. Enfin. :D

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  9. Tu as raison, l'hypersexualisation — ou en tout cas la sexualité sans âme — est envahissante. La polygamie pourrait-elle être l'un de ses visages ? Tout ce que tu évoques est abominable. Mais en ce qui concerne la polygamie, je me garde une réserve : c'est vrai que ça participe de notre instinct, c'est juste une question de la façon dont ça s'exprime : ça peut être bon, tout dépend comment. À savoir : ça doit être en harmonie avec nos « valeurs sociales », ou, comment dirais-je, la construction sociale du couple qu'on s'est faite ou qu'on s'est fait léguer. Il faut respecter le continuum instinct-culture, ou instinct-micro-culture si a on décidé de modifier notre culture.

    Je pense que c'est comme par rapport à un nouveau style musical. Certains individus vont découvrir avant tout le monde ce style, et vont l'aimer sincèrement. Puis, viendront les masses et les masses qui voudront s'agglutiner à ce courant...

    Quant à ton lien : c'est une théorie scientifique étonnante ! Très intéressant.

    Whaou ! Je vais publier plus souvent des vidéos sur la cosmologie !

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  10. Je répète que chaque principe en soi quand il est entre adultes consentants, je m'en foute mais ce que je n'aime pas c'est quand je vois des campagnes d'hyper sexualisation partout. Me demandes vers quoi on veut nous pousser. Déjà, que dans trois générations, nous serons en majorité stériles grâce à Monsento. C'est quoi le plan d'orgie romaine qui se cache derrière? Voudrais ben le savoir. Enfin. :)

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