jeudi 12 septembre 2013

Il faudrait que je continue à transcrire mes rêves

Je voyais, à tour de rôle, différentes personnes tout à la fois inconscientes et sévèrement amochées physiquement. On était en cour. Les deux opposants étaient de part et d'autre de l'éclopé silencieusement agonique, et pouvaient lui toucher. Je me souviens que l'un des estropiés était un Noir, et son bras (on ne savait comment il avait été tordu) était aussi gros et hideux que le dessous d'une carapace de tortue serpentine (on ne savait comment cela avait pu enfler et se corrompre à ce point). La personne coupable (qui, dans bien des cas, avait happé l'individu avec son automobile — en l'occurrence, il s'agissait bien d'un accident routier) se défendait avec des arguments rationnels, étonnamment sincères, provenant de si loin qu'ils en étaient absurdes ; ces derniers, par exemple, pouvaient souligner le mauvais rapport psychologique que pouvait avoir le blessé avec ses parents dans son enfance ; d'où une prédisposition à être frappé par un véhicule, laquelle découlait donc d'un malaise vital, d'un spleen absorbant. Le membre de la famille qui défendait l'accidenté réagissait avec beaucoup de sagesse aux arguments de l'autre, voire avec atonie. Le juge n'était pas loin et faisait plus ou moins l'arbitre, de façon informelle, en étant affairé à autre chose — il mangeait probablement un fruit. Tout ça avait des airs de discussion sereine autour d'un drame incommensurable.

8 commentaires:

  1. Tu sais que dans le rêve, tous les personnages sont une part de toi. C'est la seule manière d'analyser correctement. Sinon, c'est un rêve prémonitoire mais habituellement, celui-ci à une texture différente et on le sait au réveil. J'ai écris mes rêves pendant plus de dix années. ;)

    RépondreSupprimer
  2. Je crois que tu as raison. Je ne pense pas que tous les personnages de nos rêves sont qui nous sommes, mais ils le sont fréquemment. J'adore les rêves... Tu as bien fait de noter les tiens. Tiens, pourquoi ne pas en publier sur ton blogue toi aussi ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les personnages sont des parties de nous. L'inconscient fait apparaître de multiple miroirs de nous-même. C'est nous en interaction avec nous même. C'est ainsi qu'en psychothérapie, on analyse le rêve. L'inconscient ne parle pas des autres mais du rêveur. C'est ce qu'il connait. Il y a longtemps que j'ai arrêté, j'allais très loin en rêve, souvent des cauchemars, des rêves prémonitoires, des messages de l'au de-là. Vrai ou faux. je l'ignore... moi ça me suçais du jus. J'ai arrêté de m'en préoccuper. Maintenant, quand je m'en souviens, c'Est que c'est important.

      Supprimer
  3. Je ne souscris pas aux théories de la psychologie. Peu importe ce que l'on choisit de croire, justement, on baigne un peu dans la croyance. Ma croyance, ou mon hypothèse, c'est que l'inconscient enregistre également des données au sujet d'autrui et peut nous les restituer. En fait, ça me semble être le bon sens. Il y a une très large part de soi-même dans les projections du rêve, mais jusqu'à quel point ? Celui qui ignorerait que le rêve est un grand théâtre de l'ego passe à côté de quelque chose de crucial, en fait, il n'a jamais rêvé en comprenant quoi que ce soit, mais ensuite, il faut tout de même nuancer. Ce n'est pas que ça.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu me relis plus haut, je te parle aussi des rêves prémonitoires et il y a les rêves de stress aussi. Bref, je n'ai jamais dit que ce n'était que cela. Tu m'as fort mal lu.

      Mais je redis que les rêves sont un langage de l'inconscient et que l'inconscient parlent des autres pour mieux parler de lui-même. Il n'a aucun intérêt à te raconter des choses sur les autres si ce n'est que pour te faire voir que tu as aussi cette part en toi, chez l'autre ou bien que cette part te manque. Le rêve est un miroir sur toi à l'image d'Alice qui traverse le miroir. En fait Alice, c'est le langage onirique du rêve, là où la symbolique est reine sombre. Résonner le rêve avec le conscient est aussi hasardeux que de traverser une forêt de zombies, selon moi.

      Supprimer
    2. En disant « ce n'est pas que ça », j'écartais les rêves prémonitoires ou étranges (il m'arrive aussi de faire des rêves si particuliers que je me demande s'ils ne me connectent pas à autre chose que ma simple psyché). Je répondais seulement à ton assertion au sujet de l'inconscient et de son langage dont le dessein serait celui d'être un miroir. Je ne peux pas adhérer à cela. Parce que je juge la psychologie fort imparfaite encore, a fortiori la psychothérapie et toute hypothèse en découlant. J'ai déjà poursuivi au Collège des Médecins, en partie pour ça, une psychiatre qui voulait m'offrir une thérapie freudienne au sujet du rêve. Comme dirait l'un des voisins de la blogosphère, pour lui emprunter sa subtile et très juste expression, je suis « à ne pas bourrer de marde ». Sinon, pour réintégrer le sujet piane-piane, le panorama de mes rêves a été extrêmement large, — au reste, quant à la précision subséquente, je baigne dans l'introspection la plus profonde depuis dix ans —, et de tous les personnages qui ont traversé cet univers, tous n'étaient pas moi, tous ne me correspondaient pas, tous n'avaient pas mes traits de caractère, le rêve n'est parfois qu'une refonte du métal de la vie. Bien sûr, si je rêve à un oncle et que ce dernier m'a marqué, cela me ramène au rapport que j'ai avec cet oncle, donc un peu à moi-même («moi-même» comme être qui vit un rapport, non comme «moi-même» se retrouvant en lui) ; à cet effet, j'aime beaucoup plus ta dernière tournure : « te faire voir que tu as aussi cette part en toi, chez l'autre ou bien que cette part te manque » (précédemment tu faisais allusion à des « parts de soi », à des miroirs de nous-mêmes). Avec plus de nuances, j'adhère déjà beaucoup plus. Je ne le remets pas vraiment en question, c'est à la rigueur une lapalissade. C'est un bon noyau théorique de départ. Sachant cela, j'aime à pondérer. Au demeurant, les rêves ont quelquefois un caractère extraordinairement aléatoire, comme si le cerveau se défragmentait, se réorganisait. Je ne prends donc pas tout rêve pour du cash. Je ne prends pas tous ses spectres pour des saints susceptibles de m'éclairer sur ma personne. Du reste, raisonner le rêve avec sa conscience : c'est tout ce que l'on peut faire. Dès qu'on ouvre la bouche pour parler au sujet du rêve, on interprète. Parler, c'est interpréter. Suggérer que l'inconscient ne fait que parler de l'ego - par des détours ou qu'importe -, c'est déjà prêter une idée de nature consciente à l'inconscient.

      Si on résume : je suis grosso modo d'accord avec toi, mais je crois, d'une part, qu'il s'infiltre dans le rêve quantité de bizarreries (du côté de l'être comme de la chose) pratiquement inexplicables ; d'autre part, tous les êtres qu'on y voit, bien qu'ils aient un degré de rapport avec nous, ne sont pas, pour aller dans la voie du pléonasme afin de bien préciser ma pensée, pour autant de purs miroirs ; ils peuvent très bien, de plus, interagir avec nous, participer de notre univers mental, sans être des « Je » dissimulés derrière des « Eux »

      Supprimer
  4. Salut Guillaume,
    Le rêve me triture un peu l'esprit ces jours-ci, depuis que j'ai vu le film Jimmy P., Psychothérapie d'un Indien des Plaines, sorti en France ces jours-ci.
    ( http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19511595&cfilm=208939.html)
    "Récit de la rencontre et de l’amitié entre ces deux hommes qui n’auraient jamais dû se rencontrer, et qui n’ont apparemment rien en commun. L’exploration des souvenirs et des rêves de Jimmy est une expérience qu’ils mènent ensemble, avec une complicité grandissante, à la manière d’un couple d’enquêteurs."

    L'intérêt de travailler sur nos rêves ne serait-ce pas surtout pour éclairer quelque problématique du présent, qui t'empêcherait de vivre, sinon, comme l'évoque La Rouge, à quoi bon se torturer à décrypter ?

    RépondreSupprimer
  5. Salut à toi Laure,

    Je me laisse une note mentale d'aller voir ce film. Ç'a l'air très intéressant.

    Je ne veux pas décortiquer les rêves seulement pour décortiquer. Je veux simplement une minimale compréhension de ceux-ci — et ironiquement, sans l'oeil paramétré d'une quelconque méthode. J'essaie seulement de suivre les pistes évidentes.

    RépondreSupprimer