jeudi 21 avril 2016

Un humble petit poème... Veuillez en excuser, je vous prie, les maladresses, car, comme c'est souvent le cas, il s'agit du fruit d'une écriture automatique semi-consciente...

POUR MA SOEUR

Toi l'ombre de lumière
Qui s'agite au fond
De ma mémoire
Lucide et abîmée

Toi qui es décédée
Emmurée
En toi-même
Dans un cancer carcéral

Toi, oh ! eh bien toi,
Ma belle,
Tu fais toujours
Baver mon coeur...

Enfants, nous vivions
Dans cette atmosphère
Saturée de couleurs
Sous l'ombre verte des arbres
Entourés d'insectes
Aux teintes
Étonnamment tonnantes,
Dont les ailes irisées
Chantaient
L'éternel été

Enfants, nous vivions
Dans cette atmosphère
D'une chaleur euphorisante
Nous étions le courant
D'air hors pair
Nous étions les plus
Nobles morveux
Les plus impétueux
Génies de l'enfance

Étant le plus petit
De notre troupeau,
Je t'admirais d'yeux
Cruellement naïfs
Tout comme j'admirais
Aussi François et
Amélie

Nous étions
Une belle bande
De bringueurs
Jusqu'au jour fatal
Où un insecte
Innommable,
Que je nommerai
Tout de même
Cancer,
Est entré
Sous ta peau

Je n'ai pas envie
De parler
Du reste
Du chemin de croix
Où je t'admirai
D'autant plus pour ton
Effroyable endurance
Je n'ai pas envie
D'y penser
Même si les souvenirs
Me remontent
À la gorge

Et j'espère,
— En fait j'en suis certain, —
Que les cieux t'ont
Insufflé, suite à ta mort,
Des pouvoirs
Drastiquement ivres,
Te sacrant déesse
Du ciel

Moi, cet été-là,
Je fus muet et
Meurtri.
Mon esprit
N'était qu'une
Fumée molle.
Je ligotai
Ces frais souvenirs
De mains
Mentales
Sans pitié

Je supprimai cette
Histoire, ce séisme
De ma tête.

*

Les ondes de choc
Trouvèrent
Leur voie
Vers mon jeune
Âge adulte
Ce fut l'ère
De la dette
Qui glace
Le sang

Je décidai,
Armé de foi
Surhumaine,
De plonger
Dans le fleuve
Glacial
De l'inconscient
Pour tenter de
T'en sortir,
Pour tenter
De m'en sortir,
Et je réussis...

Après de nombreux mois
De batailles bizarres
Dans les ténèbres
Gluantes et glaciales
De ma mémoire,
Je m'étais vidé
D'horribles larmes
Que jamais l'enfance
N'avait pu faire
Naître.

Je devins dès lors
Lumineux,
Et plus jamais
Je ne fis grincer
Mes ongles
Sur le tableau
D'ardoise
De mon coeur noir —
Qui, recouvert
D'équations d'optimisme,
Devenait blanc...

*

Ainsi, je me croyais
Soigné de toi,
Ma soeur.

Mais hier, j'ai fait
Un rêve.
C'est un nouveau
Genre de rêve
Qu'il m'arrive
De faire,
Où je ne suis que
Moi-même,
Sans l'armure
De la conscience —
L'hypnose naturelle
des nuits.

Ainsi je songeais à
Toutes ces jolies
Filles que j'ai laissées
Derrière, à toutes
Ces filles à qui
J'ai cessé de parler
Sans crier gare.
Je songeais,
Remué d'inconfort
Salutaire,
D'expiation mugie,
Parlant la langue
Monocorde de la
Plainte,
Je songeais à
Toutes ces fois où,
Glissant comme
Une étoile filante,
J'ai pris la poudre
D'escampette,
Sans laisser
De poudre d'or
Derrière moi...

Et il m'était
Alors révélé
Dans ce rêve
Où je me rêvais
Insomniaque
Que mes espoirs
Amoureux dissous
Avaient quelque
Rapport
Avec le mystère
De ton départ

Peut-être sont-ce
Des hypothèses
Rapaillées,
Des équations génériques
Sans rapport à
Ma vie.

Car j'ai, tout de même,
Souvent eu raison de partir.
Quoi qu'il en soit,
Tu peux encore me
Faire réfléchir, et
Je t'en remercie.

Et ce fut,
— Bien qu'éprouvant —,
L'occasion rêvée
De repenser à toi,
D'éprouver cette
Gravité
Que tu exerces
Sur mon sang
Hérissé
En marée.

Car tu sais, ma belle,
Tu fais toujours
Baver mon coeur...

11 commentaires:

  1. Bravo pour cet émouvant hommage, cher Guillaume. Paix à son âme!

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  2. C'est gentil de ta part, Mokhtar ! J'espère que tu te portes bien, camarade.

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  3. C'est de la grande poésie. Et je ne suis pas flatteur de nature. Et même un brin éloigné de la poésie qui, sous ta plume, se tient plus près.

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  4. Merci Gaétan, c'est gentil ! Je te connais peu, mais justement, tu ne me sembles pas être un complimenteur. Ça ajoute de la force, de la crédibilité et de l'allure aux compliments, ça.

    Well, je ne sais pas si c'est de la grande poésie, mais ça venait sincèrement du coeur. Je n'aimais pas ce poème, après l'avoir écrit (ça fait tout un bail). Je ne sentais pas que ça traduisait ce que je ressentais. Mais à relecture, je vois qu'il a bien mûri, du fait de son authenticité...

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  5. Vive la poésie et la sincérité -
    Des fois je me demande si les humains seront toujours effrayés , tristes , ou désemparés - de la mort .
    J ' aime imaginer que non -
    J ' aime bien ton blog et Lisa Leblanc -
    Charles , de Sète - France -
    http://mondeindien.centerblog.net/

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  6. Hélas, je crois que la mort - celle des autres - n'a pas fini de nous tarauder. La nôtre, nous n'aurons pas vraiment le temps d'y penser ; et, si les choses se passent comme je l'espère, on ira simplement ailleurs !

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    1. Eh bien , pas moi - je ne crois pas à ces histoires de sinistre mort , et m^me si nous ne savons pas trop ce que c ' est -
      Peut-être pressentons-nous quelque miracle ? comme nous pressentons le miracle de la vie ..

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    2. ( portant je suis athée ..)

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  7. Voilà qui devrait tomber sous le sens, dans notre monde froid et matérialiste : tomber dans la tombe, raide, sec, expiré et oublié. Je ne dis pas que c'est le scénario que j'envisage le plus, au contraire, mais il ne peut pas ne pas me traverser l'esprit. Ce serait une mort scientifique. Une mort simple, quelconque, naturelle. Mais mon intime nature me fait rêver, plutôt, d'âmes battant des ailes suant la clarté jusqu'à l'autre côté. C'est pourquoi on me dit naïf. Je préfère dire que je suis imaginatif, inconsciemment imprégné de toutes sortes de choses et résolument optimiste.

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  8. Difficile de vivre un deuil de la sorte si jeune. Moi j'étais plus vieux. Je l'ai vécu avec la possibilité de comprendre. Cela affecte mais j'imagine permet de s'en sortir plus rapidement. Mais c'est vrai que pendant un temps tu perds un peu de légèreté. Tu traînes un morceau de peine qu'il faut dissoudre... pas simple pour un flo.

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  9. Je n'avais pas la moindre idée de ce qui s'était produit, pour ma part et pour ainsi dire. C'est beaucoup plus tard que le fracas s'est profilé. L'écriture m'a aidé à cerner ce qui s'est produit.

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