lundi 13 février 2017

Un poème de Rimbaud chanté par Robert Charlebois





Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud

Mars 1870.

4 commentaires:

  1. Rimbaud a fait quelques rares poèmes vraiment extraordinairement magnifiques , dont celui-çi . Ces poèmes sont l ' explication des autres poèmes : de son effroi de tant d ' horreurs des humains -

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  2. Oui, celui-ci est fort beau et fort marquant. Dès que j'ai pu ouïr les premières paroles sur Google Play Music, j'ai su que c'était ça ! Et ça m'a rendu très heureux d'entendre ça.

    Je soupçonne sinon que ça aurait pu être un poème plus long : or, nop, c'est magnifique ainsi, pas besoin de continuer.

    Je vois où tu veux en venir. Tu trouves que certains poèmes sont d'une sensibilité très pure, et que d'autres sont un peu tordus ? Il y a un lien à faire, en effet.

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  3. extrait d ' un autre beau poème de Rimbaud : Soleil et chair -
    ... - Ô Vénus, ô Déesse !
    Je regrette les temps de l'antique jeunesse,
    Des satyres lascifs, des faunes animaux,
    Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux
    Et dans les nénufars baisaient la Nymphe blonde !
    Je regrette les temps où la sève du monde,
    L'eau du fleuve, le sang rose des arbres verts
    Dans les veines de Pan mettaient un univers !
    Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre ;
    Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre
    Modulait sous le ciel le grand hymne d'amour ;
    Où, debout sur la plaine, il entendait autour
    Répondre à son appel la Nature vivante ;
    Où les arbres muets, berçant l'oiseau qui chante,
    La terre berçant l'homme, et tout l'Océan bleu
    Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu !
    Je regrette les temps de la grande Cybèle
    Qu'on disait parcourir, gigantesquement belle,
    Sur un grand char d'airain, les splendides cités ;
    Son double sein versait dans les immensités
    Le pur ruissellement de la vie infinie.
    L'Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,
    Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.
    - Parce qu'il était fort, l'Homme était chaste et doux.

    Amicalement ,

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  4. C'est très joli. Si je ne m'abuse, ça figure parmi ses premiers poèmes, à l'époque où il disait qu'il serait « Parnassien ou rien »

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